Matière première : Le Feutre

LE FEUTRE, Matière première du chapeau d’hiver par excellence.

Il existe principalement deux types de feutres utilisés en chapellerie artisanale (également dans l’industrielle chapelière haut de gamme) : Le feutre de laine et le feutre de poils plus luxueux et naturellement imperméable.
Les techniques de fabrication de l’un et l’autre différent un peu mais reposent sur le même phénomène naturel connu depuis très longtemps : Le feutrage de la matière sous l’action de la chaleur et de l’humidité.


Histoire :

Selon une légende, Saint Clément aurait découvert le feutre lorsqu’il était moine-errant. Il aurait pris l’habitude de mettre de la laine dans ses chaussures pour se protéger les pieds durant sa marche. Il aurait ainsi remarqué que le mélange sueur et laine, écrasé par ses pieds formait un agglomérat de fibres dense et isolant. Par la suite devenu évêque, il aurait demandé à des groupes de travailleurs d’améliorer la technique. Cette histoire reste un légende mais Saint Clément est le patron des fabricant de feutre .
En effet, on retrouve des traces de l’existence de ce matériau plus de 6000 ans avant JC en Turquie. La technique du feutrage se serait ensuite répandue de l’Asie vers les pays Slaves, germaniques puis romains.
Historiquement chaque communauté utilisait la matière première à sa disposition à savoir les poils des animaux qui se trouvaient dans son entourage : Poils de mouton, de chameau, de chèvre, de castor, de lama… et puis poils de lapins domestiques ou de garennes, poils de lièvres qui eux doivent subir un traitement un peu plus particulier dans les couperies de poils et produisent un feutre de très grande qualité.
Le feutre est très utilisée depuis le Moyen-âge pour les chapeaux d’hommes et seulement depuis le XXème siècle pour les chapeaux de femmes.
En France, quelques villes sont particulièrement marquées par l’industrie de la chapellerie : Chazelles-sur-Lyon, petite ville située dans les Monts du Lyonnais a connu ses heures de gloire grâce à la chapellerie de feutre de poils qui débuta au XVIème siècle et connue un essor industriel important au XIXème siècle (28 usines et 2500 ouvriers). L’évolution de la mode après guerre fait disparaître petit à petit les usines de Chazelles ainsi que d’autres en France. Le bâtiment d’origine de la célèbre usine Fléchet abrite aujourd’hui l’atelier-musée du Chapeau et son centre de formation. Esperaza dans l’Aude est un autre berceau de l’industrie chapelière spécialisé dans le feutre de laine. 14 usines et pas moins de 3000 salariés au milieu de XXème siècle et aujourd’hui une seule usine subsiste dans la ville voisine de Montazel ainsi qu’un musée de la chapellerie.

Technique de fabrication des cônes de feutre :

Le cycle complet de fabrication du feutre de poils nécessite encore aujourd’hui une technologie spécifiques et comporte un nombre important de phases de fabrication. Il nécessite entre 9 et 12 jours.

  • Les peaux récupérées dans les abattoirs sont rasées dans les couperie de poils qui livrent ensuite des sacs de 2.5Kg au chapellerie.

    Soufflage des poils
  • Le soufflage : Mélange le poil et élimine par ventilation les impuretés et les poils trop grossiers
  • Le bastissage : Une
    Bastissage

    imposante machine possédant un puissant système d’aspiration permet de disposer le poils en forme de grand cône qui une fois arrosé d’eau chaude prendra de la consistance. Il faut environ 100gr de poils pour faire un chapeau et le premier cône issu du bastissage est d’une dimension 4 fois supérieure à celle du futur chapeau.

  • Le semoussage : Manipulation ayant pour but de donner plus de consistance aux cônes de feutre. Les cônes sont disposés dans un nappe de laine et roulés sur une plaque chauffante pendant environ 10min. Il y a rétrécissement (comme pour un pull lavé à l’eau trop chaude). C’est le premier feutrage.
  • Le foulage : Il s’agit d’un réaction chimique couplée à un mouvement mécanique de pression et de rotation permettant de poursuivre le feutrage et le rétrécissement du cône initial.

    Foulage
  • La teinture : Opération qui demande une technique appropriée pour teindre cette matière très dense dans toute son épaisseur.
  • Les finitions : Selon le travail effectué à la surface du cône de feutre, on obtient différentes finitions :
    – Feutre ras : Ponçage du feutre au papier de verre
    – Feutre flamant (imitation fourrure) : tirage du poils à l’aide d’une brosse métallique.
    – Feutre taupé(imitation velours) : Le poils est tiré à l’aide d’une peau de chien de mer puis tondu
Emboutissage sur presse

Les étapes finales de mise en forme(appropriage ou dressage) peuvent être réalisées mécaniquement sur des presses chauffantes ou manuellement à l’aide de vapeur sur des formes en bois. Cette technique totalement manuelle est celle utilisée par le chapelier indépendants ou modistes suivi du bichonnage et de la garniture du chapeau feront l’objet d’un article particulier puisque je réalise moi-même ces étapes à l’atelier à partir des cônes de feutres que je reçois.

moulage manuel du feutre à la vapeur sur forme en bois. Atelier Les Chapo de Caro

 

Sources :  l’Atelier-Musée du Chapeau  de Chazelles sur Lyon et le musée de la chapellerie de la ville d’Esperaza

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